Culture
- Publié le 7 juillet 2022

Nouveau projet culturel dans le 3e : rencontre avec Thomas Poulard

Crédit photo : Thomas Poulard - Compagnie du Bonhomme

La Ville de Lyon, avec l'appui de la Mairie du 3ème arrondissement, a retenu la proposition du comédien et metteur en scène Thomas Poulard, directeur artistique de la Compagnie du Bonhomme, pour prendre la direction du théâtre de la rue Saint-Eusèbe. Dès janvier 2023, un nouveau lieu culturel conjuguant création artistique et éducation populaire va ainsi voir le jour dans le quartier Villette-Paul Bert.

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Formé en art dramatique à l’ENSATT et diplômé en management des organisations culturelles, Thomas Poulard a travaillé avec des metteurs en scène comme Gwenaël Morin, Simon Delétang, Eric Massé ou tout récemment Philippe Gordiani. Il sera accompagné à la direction par Aurélie Maurier, administratrice de la compagnie depuis 2010.

 

Thomas Poulard, comment vous définissez-vous en 3 mots ?

Interprète des textes des autres

Créateur des textes des autres

Tisseur de liens entre les artistes et les publics.
 

Quelles étapes ont joué un rôle essentiel dans votre carrière ?

D’abord, il y a la découverte du théâtre et de l’art en général, qui s’est faite assez tardivement vers l’âge de vingt ans. Je n’avais pas suivi d’éducation artistique particulière, je n’étais quasiment jamais allé voir de spectacles, et un jour j’ai passé la porte d’un cours de théâtre, juste pour voir, peut-être pour vaincre une forme de timidité.

La deuxième étape importante, c’est quand j’ai intégré l’ENSATT* à Lyon. Là, j’y ai vraiment appris mon métier de comédien, avec des maîtres exigeants et bienveillants, comme Nada Strancar ou Alain Knapp, mais également des metteurs en scène différents comme Philippe Delaigue ou Claudia Stavisky. Une école c’est aussi une promotion d’élèves, des camarades comédiens et comédiennes, techniciens et techniciennes avec lesquelles j’ai encore des liens très forts. Ça a été pour moi un moment de vie très intense où j’ai pu pratiquer ma passion du théâtre quasiment sans contraintes.

La troisième étape importante, elle continue aujourd’hui, c’est tout mon parcours professionnel depuis plus de vingt ans. Comme comédien, j’ai joué dans plus d’une trentaine de spectacles, et en parallèle depuis dix ans, comme metteur en scène au sein de ma compagnie.

*École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre.
 

Quel lieu souhaitez-vous créer au sein du quartier Villette-Paul Bert ?

Je souhaite créer un lieu de résidences pour les compagnies de spectacle vivant, un lieu de transmission et de pratiques amateurs et un lieu de vie, de rencontres et d’échanges ouvert sur le quartier. La question du lien à renouveler ou recréer entre artistes et spectateurs est primordiale aujourd’hui. Je crois qu’il ne faut plus penser les nouveaux lieux culturels comme de simples lieux de consommation de spectacles.
Le projet est de créer un véritable atelier de fabrique artistique partagé, un espace commun où cohabitent des artistes, des amateurs et plus largement les habitants du quartier. J’espère que de ce mélange pourront naître des projets artistiques construits ensemble, entre tous les usagers du lieu.
 

Quelles disciplines artistiques va-t-on retrouver dans ce nouveau lieu et sous quelle forme ?

Même si je viens de l’univers du théâtre, le lieu a vocation à être pluridisciplinaire. Il y aura donc du théâtre mais aussi de la danse, de la musique, du théâtre d’objets ou de la marionnette.

Je souhaite que ce futur lieu de résidences accueille des équipes pour des temps de création, de recherche et de présentation de projets. Plus d’une douzaine de compagnies pourront être accueillies chaque année sous la forme de résidences longues de quinze jours à trois semaines. Mon ambition est de créer un lieu ressources, complémentaire dans le paysage culturel lyonnais, qui travaille en collaboration avec les autres structures culturelles de la métropole, comme un trait d’union entre, par exemple, les grandes institutions et les scènes découvertes dédiées à l’émergence. Des appels à résidence seront lancés dès cet automne.

Même si nous n’avons pas vocation à être un lieu de représentations avec une programmation hebdomadaire, il y aura chaque saison des évènements artistiques réguliers ouverts au public avec des sorties de résidences, des rendez-vous un week-end ou un dimanche par mois mais également des festivals.
Je souhaite proposer chaque année un temps fort sous la forme de deux biennales, l’une dédiée aux formes courtes pluridisciplinaires et l’autre dédiée au jeune public, avec des compagnies locales et régionales.
 

Quelle place allez-vous offrir à votre compagnie, la Compagnie du Bonhomme ?

Comme je l’ai dit, notre ambition est de partager l’outil avec un maximum de compagnies pour des temps de travail relativement longs. Pas question que la compagnie confisque l’espace pour elle seule. En dehors des résidences, trois compagnies - dont la compagnie du Bonhomme - bénéficieront d’une carte blanche d’un mois chaque saison.

Je serai entouré dans cette nouvelle aventure de deux compagnies "complices" associées au projet, la compagnie La Volière dirigée par l’autrice, metteuse en scène et comédienne Myriam Boudenia et le Collectif Bim qui propose des performances dans l’espace public. Elles seront invitées à investir le lieu avec moi.

Pour présenter mon univers artistique et faire connaissance avec les habitants du quartier, je proposerai une création au printemps prochain et un peu plus tard la reprise d’un ancien spectacle.
 

Quels liens ce nouveau lieu va-t-il entretenir avec les habitants et habitantes du quartier ?

Nous proposerons un certain nombre d’ateliers de pratiques amateurs à destination des jeunes et des adultes. L’objectif c’est que nous mettions en place ces ateliers et des stages le plus rapidement possible, dans un premier temps pendant les vacances scolaires, puis dans un deuxième temps à un rythme hebdomadaire. Je souhaite créer une véritable école artistique pour tous. J’aimerais que ces ateliers soient pluridisciplinaires avec des intervenants venus d’horizons différents.

Je souhaite également rencontrer les autres structures sociaux-culturelles du quartier (écoles, maisons de quartier...) pour imaginer avec elles des projets artistiques de territoire et tout un ensemble d’actions culturelles.

Le projet est d’associer les habitants à la vie du lieu, qu’on puisse créer une dynamique. Proposer à terme, par exemple, à un groupe d’usagers du lieu la création d’une troupe amateur qui mélange tous les âges.
 

Retrouvera-t-on des espaces conviviaux, bar ou lieu d’échange ?

Un des enjeux importants de la mutation du lieu, c’est de réaménager l’espace central pour en faire un véritable espace de convivialité, une cantine ouverte pendant les sorties de résidences, les temps forts des week-ends et des festivals mais aussi de manière plus régulière dans la semaine. Un lieu de vie ouvert pendant la pause-déjeuner, par exemple, géré en lien avec des associations locales.

Une expertise technique et des premiers travaux devraient commencer dès l’automne. Le lieu ouvrira progressivement à partir de janvier 2023 avec les premières résidences, des stages pendant les petites vacances scolaires, des rendez-vous les dimanches autour d’un repas partagé et d’une forme artistique.

 

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