Santé
- Publié le 2 juillet 2021

Un monde, une seule santé

Crédit photo : Muriel Chaulet - Ville de Lyon

La santé de l'être humain ne peut plus être envisagée sans liens avec la santé animale et environnementale : cette grande leçon à tirer de l'actualité est au cœur des réflexions en cours, en particulier à Lyon et dans sa métropole.

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L'expression «être en bonne santé» n'a pas toujours signifié la même chose. En 1946, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a admis que le bien-être global de l'être humain était déterminé par ses conditions d'existence : « La santé est un état de complet bien-être à la fois physique, mental et social et pas seulement l'absence d'infirmité ou de maladie. Pouvoir bénéficier du niveau de santé le plus élevé possible est l'un des droits fondamentaux de l'être humain. » Autrement dit, le lieu de vie, l'environnement, y compris social, participent autant à la santé que les gènes ou l'âge...

Des facteurs nombreux. Au premier rang, on citera l'alimentation, aux effets à long terme sur la santé que ce soit sur le plan diététique, ou sur celui des perturbateurs qui affectent le fonctionnement corporel. Privilégier les produits sans pesticides de synthèse et les moins transformés s'impose comme une évidence.

En milieu urbain, l'impact considérable de la présence d'espaces verts sur la santé des citadins commence à se faire jour. Le sport est un autre facteur essentiel pour cultiver sa forme, ses relations sociales, son rapport à la nature... et donc son bien-être ! Bonne nouvelle: Lyon fourmille d'activités, en club comme en pleine ville pour se faire plaisir.


Prévenir, plutôt que guérir

Depuis les années 2000, la transmission à l'homme de l'épidémie de grippe aviaire a fait évoluer cette conception de la santé. On prend conscience que la santé humaine ne peut être isolée de la santé animale et de la santé environnementale. Et pour cause : 60 % environ des maladies humaines infectieuses sont d'origine animale ainsi que 75 % des maladies émergentes! Grippe aviaire, Ebola, et, sans doute, la pandémie de Covid-19... Le sujet est donc d'une brûlante actualité, d'autant que la transmission des pathogènes est souvent facilitée par les bouleversements climatiques, causes de la migration d'espèces invasives porteuses de nouvelles maladies, comme le moustique tigre.

L'idée de « one health » («une seule santé») a ainsi émergé, ou plutôt réapparu, comme l'explique Emmanuelle Soubeyran, la directrice de VetAgro Sup (l'école vétérinaire de Marcy l'Étoile).

« Ce principe d'un lien très fort entre santé humaine, animale et environnementale existe depuis longtemps; Vitruve l'évoquait déjà à l'époque romaine. Mais la médecine a évolué vers une hyperspécialisation qui a segmenté les recherches. Désormais, il faut prendre conscience que tout est étroitement lié et qu'il faut avoir une approche interdisciplinaire et à l'échelle mondiale pour en comprendre les interactions. »


Rétablir l'équilibre

La démarche est d'ailleurs au cœur du projet d'établissement de VetAgro Sup (lire l'interview d'Emmanuelle Soubeyran). Qu'ils soient vétérinaires, agronomes, ou inspecteurs de santé vétérinaire, les professionnels que l'école forme ont des connaissances dans les autres disciplines pour prévenir les épidémies, anticiper leur expansion et non plus seulement les combattre.

Quant à la nouvelle académie internationale de l'OMS, qui va s'installer à Gerland dans les prochaines années, elle doit pouvoir irriguer le très dense réseau local en matière de recherche sur la santé par l'accueil de professionnels du monde entier venus se former.

Comment mettre ce concept de «one health» en pratique dans un milieu urbain? « En veillant à rétablir et conserver l'équilibre entre l'homme et la nature », précise Céline De Laurens, l'adjointe à la santé, prévention et santé environnementale de la Ville de Lyon. « Puisque l'on veut augmenter la place du végétal et de la biodiversité, il faut en maîtriser les risques au quotidien. »


La santé des uns dépend de tous

C'est le rôle de la Direction de l'écologie urbaine que de surveiller, par exemple, la présence de tiques vecteurs de la maladie de Lyme dans les parcs (en collaboration avec VetAgro Sup) ou d'empêcher l'apparition de micro-organismes dans les fontaines publiques, ou encore lutter contre les nuisibles (rats...).

Plus largement, une collectivité peut aussi veiller à réduire les perturbateurs endocriniens dans les crèches et écoles (c'est le cas localement), favoriser la création de maisons de santé pluri-professionnelles dans les quartiers en demande, lutter contre la pollution de l'air, alimenter les cantines destinées aux enfants avec des produits sans résidus de pesticides...

Au-delà, c'est la cité elle-même qui doit être propice aux liens, aux rencontres, dans un environnement agréable. Pour faire de la ville cet espace d'épanouissement personnel « les études montrent que, faire participer le public à l'amélioration de son bien-être est, en soi, déjà bon pour la santé », poursuit Céline De Laurens. C'est un des objectifs poursuivis par le conseil consultatif Covid : faire prendre conscience que la santé des uns dépend de tous.

 

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