Marion Sessiecq, nouvelle Maire du 3e arrondissement de Lyon

DISCOURS D'INVESTITURE

Madame la conseillère municipale, chère Véronique,

Madame la députée, chère Marie-Charlotte,

Monsieur le sénateur, cher Thomas,

Chers élus et chères élues,

Mesdames et Messieurs,

Je remercie tout d’abord et très chaleureusement les membres de notre Conseil pour leur confiance, et de me confier la responsabilité d’exercer le mandat de Maire de notre arrondissement, le 3è.

« Avec la chance pour compagne et le courage pour guide »

Ce sont les paroles de Cicéron à Lucius Munatius Plancus, le fondateur de Lyon, devenue la belle devise de notre Ville.

L’histoire du 3è arrondissement est bien plus ancienne que sa création officielle par décret du 24 mars 1852, et sa géographie, son évolution au fil du temps donnent à voir l’évolution de la ville, sa modernisation, sa transformation, des empreintes successives sur le paysage de la ville de Lyon. 

Le 3e, c’est cet arrondissement carrefour. Carrefour des voies de transports, carrefour de communication. Carrefour du progrès et des idées aussi : de grands scientifiques et ingénieurs, comme M. Monoyer ou M. Berliet ont fait du 3e le théâtre de grands progrès scientifiques et techniques ;

Le 3e, c’est ce territoire ouvert : ouvert sur le monde par son quartier d’accueil de Moncey ; ouvert, par l’histoire de ses familles et de ses partenariats, comme le donnent à voir le quartier de Montchat et ses Cours ou encore le quartier Dauphiné Sans-Souci… un territoire de solidarité aussi, où au XVII è siècle, Madame de Servient laissa ses vastes terrains aux Hospices civils de Lyon, léguant ce qu’elle a considéré comme « sa part de Dieu » à l’institution de l’époque.

Le 3e, c’est cet arrondissement foisonnant : par sa vie associative, sportive et culturelle, par ses équipements de grande envergure comme la bibliothèque municipale, les halles Paul Bocuse, la halle Vivier Merle, la bourse du travail, le palais de la Mutualité, l’auditorium, l’hôpital Édouard Herriot ou le fort Montluc, et toutes ses forces vives qui font toute l’âme de notre arrondissement. Citons le PLVPB, Ados, le Centre social Bonnefoi, nos 3 MJC, la friche Lamartine, le Collectif Montchat et tant d’autres, dont le Boxing Club United ou la compagnie du Bonhomme au cœur de Villette Paul Bert.

Le 3e, c’est cet arrondissement verdoyant :  nombreux parcs et jardins, dont Bazin, Chambovet, Sisley, Zénith, Saint-Marie Perrin, Sacré Cœur… et tous ces espaces qui permettent à chacune et chacun de s’aérer, se reposer, se rafraîchir, se retrouver, jouer.

La place de la nature en ville n’est plus seulement esthétique comme dans le passé, elle est désormais comprise comme un véritable élément fonctionnel. Pour que cette vie citadine soit durable, elle a besoin de préserver et développer la biodiversité singulière qui la compose. L’écosystème urbain est à la fois très particulier et fragile et c’est notre devoir de le diversifier et de le protéger.

Dans la droite ligne de l’idée de la « ville du 1/4 d’heure », une ville où tout peut se faire à un quart d’heure à pied de chez soi, j’ai très à cœur que notre arrondissement se dote peu à peu et de plus en plus d’espaces de verdure et de fraîcheur pour tout un chacun, près de chez lui ou elle, tant certains quartiers de notre arrondissement en manquent et depuis trop longtemps. 

Le 3e, c’est depuis 2020 un arrondissement porté par une équipe d’élus qui réunit des citoyennes et citoyens engagés, des personnes aux parcours et histoires différentes, rassemblées autour de valeurs communes : la justice climatique et la justice sociale, les valeurs de paix et de démocratie, le progrès humain partout, pour toutes et tous.

On entend parfois cet adage populaire : « l’écologie sans justice sociale, c’est du jardinage ». C’est un peu réducteur mais l’inverse est vrai également : on ne peut pas, on ne peut plus, protéger les plus fragiles et défendre la justice sociale sans défendre le vivant, la nature, l’alimentation, la santé, l’air qu’on respire.

Permettez-moi maintenant de m’adresser plus particulièrement à celle à qui je succède dans ce beau combat et cette ambition pour le 3è arrondissement de la ville de Lyon, Madame Véronique Dubois Bertrand.

Véronique, tu auras pendant près de 4 ans, animé et dirigé cette équipe, avec le talent qui est le tien, avec la personnalité qui est la tienne et ta bienveillance pour chacun et chacune d’entre nous et pour chaque habitante et habitant du 3è. Je veux te dire notre reconnaissance collective : reconnaissance pour le travail accompli, reconnaissance pour ton engagement, reconnaissance pour ton abnégation.

Véronique, au moment où tu me passes le relai, je veux te dire bravo et merci.

Je souhaiterais aussi avoir un mot pour celles et ceux qui ont exercé cette responsabilité auprès des lyonnaises et des lyonnais :  Monsieur Georges Képénékian,  et dans le 3è, Madame Catherine Panassier, Monsieur Thierry Philip. Merci à vous pour votre engagement sans faille pour la chose publique.

 

Le Mandat de Maire est un magnifique mandat. Diriger une commune ou un arrondissement, c’est s’investir pour  le bien commun au plus près des femmes et des hommes qui font la ville.

C’est permettre des événements culturels, des activités sportives ou de loisir, soutenir les associations locales et d’éducation populaire. C’est s’investir pour les repas servis chaque jour à la cantine pour les enfants. Ce sont les fêtes populaires, celles où les gens se rencontrent et vivent ensemble. Ce sont les logements d’urgence pour les personnes en détresse et les femmes victimes de violence. Ce sont des dispositif d’accès aux droits. Ce sont des projets pour faire vivre un territoire, un territoire dynamique et résilient où chacune et chacun doit trouver sa place. L’arrondissement, c’est aussi ses commerçants, cœur battant de notre ville. L’arrondissement, c’est aussi ses fonctionnaires, ses agents administratifs et techniques qui font vivre chaque jour le service public.

L’arrondissement, comme la commune,  c’est la République de la proximité, la République du lien, la République du commun. Quand les gens souffrent, qu’ils cherchent des solutions, c’est vers le ou la Maire qu’ils se tournent souvent. Voilà ce qu’est la mission d’une Maire : faire vivre ensemble, chercher la concorde, garantir la préservation de nos biens communs.

Cet engagement au service de l’intérêt général, c’est bien le mien. Comme l’a dit Marie-Charlotte Garin, députée sortante de la 3è circonscription de Lyon, il n’est pas très facile, encore aujourd’hui, quand on est une femme, de s’autoriser à s’engager en politique.

Pour ma part je m’engageais sur la liste des écologistes en 2014 pour la campagne des élections municipales et ce n’était pas non plus évident à l’époque. Enfin élue en 2020 en tant qu’adjointe d’arrondissement, je renouvelle aujourd’hui mon engagement pour le 3e arrondissement, en tant que maire désormais.

Je suis arrivée à Lyon à l’âge de 17 ans, avec mon frère, Grande rue de la Guillotière.

Après mon enfance et mon adolescence dans le Revermont, dans l’Ain, je suis arrivée à Lyon après mon bac. J’habite le quartier Moncey près de la place Gabriel Péri depuis plus de 20 ans.

Aujourd’hui je pense à toutes les personnes qui m’ont aidé d’une manière ou d’une autre. Vous savez, ceux qui vous marquent parce qu’ils vous inspirent, vous font grandir et vous donnent confiance. Je pense aux bénévoles de mon village qui donnaient du temps pour organiser et accompagner des colos de randonnées l’été, dans les alpes,  à M. Balland mon professeur d’histoire de terminale, brillant et exigeant, qui ne s’est pas moqué quand, dans une dissertation sur mai 68, j’ai réussi à confondre Baden-Baden avec...Bora-Bora,

Je ne parlerai pas plus ici de mes proches, ma famille, mon frère, ma sœur, mes enfants, mon compagnon, ma mère, mes tantes, mes amies de longue date, mes amis du quartier, mes amis militants, mes amis de plus loin : à toutes et tous, un pudique mais incommensurable « merci ». 

Je serai également attachée à fonctionner avec le collectif d’élu.e.s qui est le nôtre, que je remercie pour la confiance apportée par ce vote. Je présenterai d’ici quelques instants la liste de mes adjoints et adjointes. 

Le 3e arrondissement est un territoire passionnant, vaste et riche de la diversité de ses quartiers.

Je serai ainsi la Maire de chaque habitant, chaque habitante, dans nos cinq quartiers, à Mutualité Préfecture Moncey, à Voltaire Part-Dieu, à Villette Paul Bert, à Sans Souci Dauphiné et à Montchat. Je viendrai à la rencontre de toutes celles et ceux qui voudront bien me voir, pour échanger, plus encore que je l’ai déjà fait depuis quatre ans en tant qu’adjointe à la démocratie participative et aux conseils de quartier. 

Pour les 2 ans qui restent avant la prochaine élection municipale, je souhaite mettre en œuvre une écologie pragmatique et réaliste, qui vise un partage de plus en plus équitable de l’usage des espaces publics, qui participe à adapter la ville de Lyon aux effets du dérèglement climatique. Je serai une maire qui mène, avec son équipe, une politique ambitieuse de justice sociale et de justice climatique aux bénéfices de toutes et tous, et en premier lieux des plus fragiles : précaires, séniors, étudiants, parents isolés, jeunes enfants…

Le 3e arrondissement ne sera pas en reste des programmes ambitieux dans lesquels la ville de Lyon s’est désormais engagée. Je pense notamment au programme labélisé et financé par l’Union européenne « 100 Villes climatiquement neutres en 2030 » dont notre Ville est lauréate, et sa déclinaison dans notre territoire à travers « Lyon 2030 », pour une ville décarbonée. 

Je ne peux finir ce 1er discours de Maire sans vous donner mon sentiment sur ce qui s’est joué dimanche dernier, et en vérité sur ce qui se joue depuis au moins 7 ans en France. 

Si ce discours n’en finit pas, vous en tiendrez donc rigueur à l’extrême droite et à celles et ceux qui ont participé d’une manière ou d’une autre à son essor.

Car oui l’extrême droite vient de réaliser un score historique en France, près de 40%, qui s’inscrit dans un contexte mondial menaçant. Elle se retrouve désormais aux portes du pouvoir dans notre pays. En jouant au poker avec la démocratie et en provoquant la dissolution brutale de l’assemblée nationale, Emmanuel Macron prend le risque d’ouvrir les portes du pouvoir au RN, six mois après avoir voté avec lui une loi honteuse sur l’immigration.

Ces résultats sont assurément les conséquences des gifles successives et des violences sociales du Président et de son gouvernement. Crise des gilets jaunes, réforme des retraites, loi immigration, recul sur le climat, répression policière sont autant de facteurs favorisant la montée du Rassemblement national. Avec la banalisation de l’extrême droite dans l’opinion publique et les digues qui sautent les unes après les autres entre la droite « républicaine » et l’extrême droite, rien n’est moins surprenant que cette poussée sordide.

 

Ce score inquiétant et cette dissolution surprise doivent créer un électrochoc. Il nous reste moins de trois semaines pour empêcher l’extrême droite de diriger le pays. Très peu de temps pour proposer une issue enthousiasmante  et porteuse d’espoir face aux dangers de notre époque.

À gauche, nous devons renouer, enfin, avec la victoire et les meilleures heures de notre histoire. Comme en 1934, il nous faut défendre « ce que le peuple a conquis de droits et de libertés publiques. »

Seule l’union des gauches et des écologistes peut contrer cette effroyable perspective et ouvrir l’espoir d’une vie meilleure. 

Seule cette union peut permettre de fédérer les classes populaires et les classes moyennes, fédérer des banlieues, des villages et des métropoles, comme cela s’est fait dans le passé. Seule cette union peut agir sérieusement face à la triple urgence climatique, sociale et démocratique.

Je salue donc la formation d’un front populaire afin que les gauches et les écologistes présentent partout des candidatures uniques pour les législatives du 30 juin et du 7 juillet. Unis, les gauches et les écologistes ont les moyens d’être la première force politique dans la prochaine Assemblée nationale.

 

Nous devons répondre aux attentes sociales urgentes, nous devons défendre des solutions pour le vivant, nous devons valoriser les luttes féministes, le combat contre tous les racismes, contre le rejet des musulmans, contre l’antisémitisme, contre la stigmatisation des migrants et des minorités sexuelles, nous devons lutter pour le respect, la dignité et l’égalité. Nous devons ériger comme  obsession la justice et pour boussole la démocratie.

Parallèlement à mes responsabilités de Maire, ma priorité sera, dans les 3 semaines qui viennent, de mobiliser pour l’union et contre l’extrême droite.

Pour terminer, je veux vous redire que je sais l’exigence de la tâche et la responsabilité qui est la mienne, qui est la nôtre. J’ai accepté cette prise de relai, cette responsabilité de devenir maire, avec lucidité, avec mon énergie, mon enthousiasme et mes valeurs.

Elu.e.s ici présents et présentes, habitantes et habitants du 3e arrondissement, vous pouvez compter sur mon expérience et mon dévouement, avec la chance pour compagne et le courage pour guide.

Je vous remercie.