La Leçon

Cette leçon se donne à trois : un professeur d’allure classique, une élève docile, une bonne rigoureuse et austère. Rendez-vous est pris chez le professeur. C’est qu’il faut préparer « mademoiselle » au « doctorat total » ! Le professeur s’empare peu à peu de la parole et la leçon prend un tour magistral et sadique. Dans ce drame comique, le langage est comme un terrain miné. C’est ce coup de dynamite rigolard dans les conventions qui a assuré la portée universelle et le triomphe mondial du théâtre de Ionesco…

L’insolite – plus cher à Ionesco que l’absurde – tient ici à la surabondance littéraire qui s’empare des trois protagonistes : l’élève, le professeur, la bonne. Le langage les agit. Dans un élan quasi chamanique, le professeur célèbre les mots comme autant de corps, en présence de monstres magnifiques proliférant en une forêt parfois enchantée, parfois cauchemardesque. À la fois chef d’orchestre et spécialiste de la prosodie, l’enseignant emporte l’élève dans sa fascination pour l’irréductible énigme du langage. La révélation se fait à ses dépens, car l’éblouissement confine à l’emprise. C’est une pièce lucide sur l’éducation qui traite aussi du rapport entre les générations. La Leçon sonde les arcanes complexes de la transmission. Ces interrogations s’incarnent avec d’autant plus de force que la fable ne se déroule pas dans une salle de classe mais au sein d’un cours particulier, dans l’intimité d’un intérieur privé. Si la pièce évoque un rituel sacrificiel, elle reste cependant ludique, fondamentalement populaire dans son adresse à tous, profondément humaine, avec autant de possibilités d’identification jubilatoires.

De Eugène Ionesco
Mise en scène Christian Schiaretti

avec Yves Bressiant, Jeanne Brouaye, René Loyon
scénographie et accessoires Samuel Poncet
costumes Thibaut Welchlin
lumières Julia Grand
maquillage Romain Marietti
production Les Tréteaux de France, Centre dramatique national
production déléguée Théâtre National Populaire

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